Extrait du "Parisien Seine-et-Marne" du 04/05/98

LES ECRENNES Les amateurs de musique techno devraient repartir aujourd'hui

Les ravers sèment la pagaille

Les quelque 5000 amateurs de techno, rassemblés en permanence depuis jeudi soir aux Ecrennes, ne sont pas passés inaperçus au Châtelet-en-Brie. Samedi, nombre d'entre eux ont investi les commerces de la commune jour se ravitailler. " Nous avons il faire plusieurs fournées de croissants et de pains au chocolat ce matin ! Il y a beaucoup d'étrangers, des Hollandais notamment. Ils sont plutôt sympas ", racontait samedi a patronne de la boulangerie Pinzani. Même écho chez trois jeunes du coin, qui avouent être allés faire un tour là-bas. 0n reconnaissait d'ailleurs très facilement les " ravers " dans les rues du Châtelet : ils avaient tous de la boue jusqu'à mi-mollet ! Et pour cause : le terrain sur lequel ils se sont installés, sans autorisation, est tout simplement un champ de boue. " Ce n'était pas en culture. C'était des marécages ", tient à préciser un des organisateurs de la première étape de ce festival de musique techno " Technival 98 ".

Un hélicoptère de la gendarmerie.

Certes, la place n'était pas cultivée car trop humide. Mais le terrain est habituellement réservé à la culture de chasse. Inutile de dire donc que les festivités ne sont pas appréciées par les propriétaires. " J'ai appris leur arrivée jeudi matin. J'ai déposé une plainte auprès de la gendarmerie du Châtelet ", assure Michèle Galandrin, l'une des propriétaires du lieudit le Charme. Affolée, elle reconnaît ne pas avoir le courage d'y aller : " Je ne veux pas voir ça. Vivement qu'ils partent. Mais dans quel état vont-ils laisser tout ça ? " De son côté, un organisateur, qui revendique son anonymat, se veut rassurant : " Nous avons des sacs poubelles. Nous nettoierons avant de partir. C'est toujours ce que l'on fait, sauf quand les flics chargent. " L'humeur n'était cependant pas à la charge du côté des gendarmes. Alertés dès jeudi, aux envions d'une heure du matin, ces derniers n'ont eu d'autre choix que de laisser entrer. " Quelques hommes ont été bousculés et menacés par des automobilistes. Pour l'instant, nous assurons donc la fluidité des axes, afin que les secours puissent circuler. Nous avons établi plusieurs postes de contrôle. Le côté judiciaire, on verra après ", explique le capitaine Etienne Ignatovitch, commandant de la compagnie de Melun. Un poste de contrôle, installé au croisement du CD 12 et de la départementale 227, empêchait notamment l'afflux de véhicules supplémentaires. Un hélicoptère de la gendarmerie a également suri>olé les lieux. Le nombre de participants aurait atteint les 12 000 dans la nuit de vendredi à samedi et les 10000 dans celle de samedi à dimanche.

Le maire est accablé

Quelques élus sont venus faire un tour, comme le conseiller général Tino Petruzzi. Le maire des Ecrennes, Daniel Gùaut, était également là, accablé : " Je suis allé voir de près. Il y a beaucoup de mineurs. En soi, la musique techno ne me dérange pas. Mais c'est tout ce qu'il y a derrière, comme la drogue, qui me peine. " Les ravers ne le cachent pas : haschisch et ecstasy circulent. En revanche, les drogues dures ramenées par la " racaille " sont bannies. " 0n fait le ménage nous-mêmes, quand on les voit arriver ", confie-t-on sur le terrain. Il n'empêche. Les pompiers sont intervenus par trois fois, samedi. Deux fois pour rien. Et la troisième fois pour une overdose. La victime, transportée à l'hôpital de Montereau, n'est pas décédée.
Guénaèle CALANT

Samantha, 23 ans

"On est mieux ici que dans nos cités"

Samantha a 23 ans. La jeune femme est originaire de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Elle est vendeuse. La musique techno, elle connaît : dix ans qu'elle en écoute. Les soirées techno, elle connaît aussi. En revanche, c'est son premier festival. A ses côtés Nicolas, 15 ans, d'Ecouen dans le Val-d'oise. " Nous sommes venus à quatre, en voiture. Nous avons planté la tente. Et voilà ! Il pleut, mais ce n'est pas grave. On est mieux ici que dans nos cités ", sourit Samantha. Très à l'aise, elle passe d'un " sound system " à l'autre. Les tentes, les voitures et les feux de camps s'étalent à perte de vue dans la boue. Samedi après-midi, l'ambiance était plutôt... calme. Entendez : de nombreux ravers étaient occupés à dormir, peur se remettre de leur nuit de danse. Ce qui n'empêchaient pas les sonos de déverser leur musique techno, jour et nuit. Les habitants de Pamfou confirment ! " Il y a des gens de tous horizons ici : j'ai même une amie institutrice. Mais pas de différence : vu le temps, on est tous habillés pareil, le plus souvent en treillis car c'est facile à laver. Nous sommes solidaires. L'ambiance est bonne, on est là pour le son. C'est vrai qu'il y a parfois de la racaille, dont nous ne voulons pas. Mais c'est partout pareil ", assure Samantha.
G. Ca.

 


 1. LES ECRENNES, Samedi.
Arrivés jeudi soir, les cinq mille "ravers" se sont installés sans autorisation sur ce terrain reservé à la culture de chasse.
2.CARREFOUR DU CD 12 ET DE LA DEPARTEMENTALE 227, SAMEDI.
Les gendarmes empêchaient les nouveaux véhicules de passer, afin de faciliter l'accès des secours.